Les Mystères Joyeux

Nul ne peut prétendre à une vie spirituelle authentique s’il n’est pas humble, la Grâce ne pouvant s’attarder dans une âme orgueilleuse ainsi que le confirme toute la Sainte Écriture. C’est l’orgueil qui entraîne la chute des mauvais anges et de leur chef Lucifer, lequel, comme son nom l’indique, était porteur de lumière et se remplit de ténèbres en se coupant de l’Amour de Dieu et de sa Grâce.

Par l’aide de Marie et son exemple nous devons vérifier chaque jour que nous franchissons bien cette porte, condition de vie qui seule conduit au Ciel.

Celui qui prétend aimer Dieu et n’aime pas son frère est un menteur. Cette évidence du Saint Évangile ne l’est pas toujours dans les faits et il convient pour le Chemin Spirituel d’être très attentif à celui que la Providence place sur notre route quel qu’il soit et qui est celui que Dieu veut que l’on aime comme soi-même, c’est-à-dire avec la passion dont nous sommes capables, sans jamais juger, en offrant toujours la miséricorde de Jésus, au-delà même des colères provoquées par la justice qui appartient à Dieu. La colère provoque en nous l’obscurité spirituelle.

Saint Paul nous dit clairement : « Que le soleil ne se couche pas sur ta colère sinon le Diable entrera dans ta maison » [Eph. IV-4].

Il s’agit bien sûr de notre temple intérieur que la Grâce ne peut habiter si l’ennemi s’y est déjà installé.

Orgueil et colère sont le cocktail détonnant qui précipite l’homme dans les divisions du cercle victimaire infernal ruinant l’humanité depuis Abel et Caïn et que Jésus nous demande impérativement d’interrompre pour devenir ses disciples et demeurer à ses côtés sur le chemin spirituel.

« Si tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, déposes là ton offrande, réconcilie-toi avec ton frère et reviens pour ton offrande.» [Math. V-23-24].

Diabolos en grec signifie le diviseur ou l’accusateur. La plupart des pêchés et des souffrances des hommes viennent de ce que nous nous laissons « posséder » par cet esprit qui porte la ténèbre dans nos relations à autrui et empêche la Grâce et la Paix du Seigneur d’habiter dans nos âme infectées par l’Adversaire.

Jésus, le Roi des Rois vient au monde dans une humble crèche comme un pauvre. C’est dans une apparente faiblesse que surgit la Force toute puissante de Dieu. La Providence qui habille le Lys des champs habille aussi l’homme spirituel qui s’abandonne à elle.

« Là où est ton trésor ; là est ton cœur ».

Qui s’attache aux biens de ce monde et s’en rend esclave aura du mal à trouver le véritable royaume qui est « au-dedans de nous ». Le Seigneur nous dit qu’il est plus facile à un chameau de passer par le chas d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume des cieux.

C’est une vraie Grâce à demander ici que de mettre sa confiance dans la divine Providence ; c’est une Grâce à demander à la Sainte Famille à laquelle nous invite Marie.

Ceci est probablement la porte la plus difficile que la force du chapelet nous invite à franchir à l’aide de Marie. La Toute Pure qui n’en a pourtant pas besoin, par obéissance à la loi mosaïque et pour l’exemple, accomplit le rite de la purification au Temple de Jérusalem, figure merveilleuse du vrai Temple de Dieu, qu’elle a mis au monde, Jésus.

Elle se soumet à la Loi d’Amour de Celui qui dira : « Détruisez ce temple, je le rebâtirai en trois jours ».

La circoncision est le signe de l’appartenance au Peuple de Dieu, circoncision de la chair, parce qu’avant l’arrivée de Jésus, c’est par les entrailles de la mère juive qu’on accède à l’élection de la promesse faite aux seuls Juifs. Jésus veut le salut pour tous les hommes et la circoncision de la chair est remplacée par la circoncision du cœur entièrement donné à l’humanité sur la croix du Calvaire jusqu’à ce que le sang et l’eau en soient totalement sortis, accomplissant le sacrifice qui réconcilie tout homme de bonne volonté avec le Père Céleste.

A cause de ce don total et absolu d’amour, Jésus réclame de ses disciples une réciprocité : « Celui qui aime son père, sa mère, son frère plus que moi n’est pas digne de moi » [Mat. X, 34-42].

La purification du cœur est une démarche pénible et progressive du don intime de soi à Dieu qui immole l’ego plongé dans le plaisir pour soi et provoque une libération joyeuse du cœur livré au véritable amour qui est don. En s’oubliant, l’homme spirituel progressivement se retrouve en dehors de la chair dans le point de vue de Dieu qui ainsi se révèle à lui : « Heureux les cœurs purs car ils verront Dieu ».

Les quatre portes des Mystères Joyeux conduisent à la citadelle du temple intérieur où Dieu se révèle comme Sagesse à tout homme qui le cherche avec droiture du cœur comme un Père. Si une seule de ces portes n’est pas franchie, l’homme reste dans l’errance :

✓ Sans l’humilité, il se fourvoie dans l’orgueil et la ténèbre,
✓ Sans l’amour du prochain il devient un menteur,
✓ Sans le détachement des biens de ce monde, il ne trouve que lui-même,
✓ Et sans la purification du cœur il se brise les ailes avant d’atteindre les sommets où l’attendaient la Grâce et la Lumière de Dieu.

Les vieillards du Temple de Jérusalem qui sont censés détenir la vraie Sagesse d’Israël sont étonnés par la sagesse des réponses de l’enfant qu’ils ont devant eux. « Celui qui ne devient comme un petit enfant n’entrera pas dans le Royaume des Cieux ».

C’est à l’innocence de l’enfant que nous sommes appelés. Celui qui n’est pas habité par la colère et ne maudit pas celui qui le persécute, se libère par la Sagesse de lui-même et des forces du Mal à l’œuvre dans la Création du Père Éternel qui l’attire à lui en le rendant juste et lumineux. Quand Jésus descend aux Enfers, il reconnaît ces Sages qui ont plu au Père des Peuples droits pour les conduire au Paradis, les Saints de l’Ancien Testament et tous les hommes droits qui n’ayant pas connu le Salut en Jésus, ont cherché Dieu de tout leur cœur.

Ils sont désignés à la consécration du Sang de Jésus : « Le Calice de Mon Sang qui pour vous (ceux qui me confessez) et pro multis » (les nombreux autres), rachetés sans qu’ils le sachent par le Fils Sauveur pour les conduire dans les nombreuses demeures du Père.

Dans le Rosaire, nous devons demander cette Sagesse (« Demandez et vous recevrez »), la Force de franchir ces quatre portes par l’imitation des vertus de Marie, « miroir de la Sainteté, et Trône de la Sagesse », en vérifiant chaque jour que nous ne dérogeons pas, en sachant que le chemin est rude qui conduit au Seigneur : « Je ne suis pas venu apporter la Paix mais le glaive. Celui qui sauve sa vie à cause de moi la perdra, et celui qui la perdra à cause de moi, la sauvera » [Sagesse X, 10-14].

« Que si quelqu’un de vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu qui donne à tous abondamment et ne reproche rien, elle lui sera donnée. Mais qu’il la demande avec foi sans hésiter car celui qui hésite est semblable au flot de la mer qui est poussé çà et là par les vents ». [Jacques I, 5].

« La crainte de Dieu est le commencement de la Sagesse » [Prov. IX, 10], mais elle n’en est que le commencement. Son accomplissement se vit dans l’Amour du Fils, Jésus, Image du Père qui Seul Le connaît et Le révèle dans l’Incarnation en conduisant le Sage des Mystères du Père inconnaissable aux mystères du Fils manifesté sur la terre, des œuvres de justice aux œuvres de miséricorde, comblant par le don de son Amour, l’immense fossé entre le Créateur et sa créature, et restituant à notre père Adam son beau visage défiguré jadis par le péché.

La Sagesse se présente comme un Chemin vers le Père, la Sagesse est aussi présente absolument dans le Fils comme Vérité dans les Mystères Douloureux, nous verrons ensuite que la Sagesse produit dans le Saint-Esprit la Vie en abondance dans les Mystères Glorieux dans une procession des deux précédents.

« Je suis le Chemin (vers le Père), la Vérité (du fils) et la Vie (de l’Esprit) ».

Nul ne va au Père sans le Fils et nul ne peut être sauvé sinon dans le Sang du Fils et l’Eau de l’Esprit.

Entrons dans cette Vie du Fils par les Mystère Douloureux où Marie nous conduit.